Les coliques, les ulcères gastriques et les troubles métaboliques sont des problèmes fréquents chez les chevaux, souvent liés à une alimentation inadéquate, en particulier un manque de fibres. Comprendre les besoins en fibres de votre cheval est primordial pour assurer sa santé et son bien-être à long terme.

Nous explorerons les différents types de fibres, leur rôle crucial dans la digestion, les meilleures sources de fibres pour votre cheval (foin, pâturage, compléments), ainsi que les besoins spécifiques selon l'âge, le niveau d'activité et l'état de santé de votre animal.

Le système digestif du cheval : une machine à fibres

Le système digestif du cheval est remarquablement adapté à une alimentation riche en fibres végétales. Contrairement aux humains, l’estomac du cheval est relativement petit (environ 8 à 15 litres), tandis que son gros intestin (caecum et côlon) est très développé, avec une capacité de 60 à 80 litres. Cette morphologie digestive souligne son adaptation ancestrale à une alimentation herbivore.

Anatomie digestive et fermentation

Le petit estomac du cheval limite sa capacité à digérer efficacement les aliments riches en amidon et sucres rapidement fermentescibles. Le gros intestin, en revanche, joue un rôle prépondérant dans la digestion des fibres. Le caecum, en particulier, abrite une population dense et complexe de micro-organismes (bactéries, protozoaires, champignons) qui fermentent la cellulose, l'hémicellulose et la pectine, des fibres complexes présentes dans les végétaux.

Production d'acides gras volatils (AGV)

Cette fermentation microbienne produit des acides gras volatils (AGV), notamment l'acétate, le propionate et le butyrate. Ces AGV sont absorbés par la paroi intestinale et constituent la principale source d'énergie pour le cheval, fournissant environ 70% de ses besoins énergétiques au repos. La production d'AGV est donc directement liée à l'apport en fibres de qualité.

Conséquences d'un déficit en fibres

Un apport insuffisant en fibres a des conséquences néfastes sur la santé digestive et générale du cheval. Le manque de substrat pour la fermentation entraîne une diminution de la production d'AGV, une perte d'énergie et des troubles digestifs. Les conséquences peuvent être graves, allant de simples troubles du transit à des pathologies plus sérieuses :

  • Coliques : douleurs abdominales intenses pouvant être mortelles. Un manque de fibres peut causer des coliques de type spasmodique ou impaction.
  • Ulcères gastriques : lésions de la muqueuse gastrique dues à un déséquilibre acido-basique favorisé par une alimentation pauvre en fibres et riche en concentrés.
  • Obésité : une alimentation riche en énergie sans fibres peut causer un stockage excessif de graisses.
  • Problèmes dentaires : une mastication insuffisante due à un manque de fourrage volumineux entraîne une usure anormale des dents.
  • Syndrome métabolique équine (SME) : un trouble métabolique complexe souvent lié à une obésité et une résistance à l'insuline, aggravé par un manque de fibres.

Les différentes sources de fibres pour une alimentation équine équilibrée

Pour garantir un apport suffisant en fibres, il est essentiel de choisir des aliments de qualité et de bien les distribuer. Le foin et le pâturage sont les sources principales de fibres pour les chevaux.

Foin : la base d'une alimentation riche en fibres

Le foin représente la source de fibres la plus importante pour la plupart des chevaux, en particulier pendant les périodes où le pâturage n'est pas disponible. Il existe une grande variété de foins, chacun ayant une composition nutritionnelle différente. La qualité du foin est essentielle : il doit être vert, odorant et sans moisissures. Des foins moisis contiennent des mycotoxines nocives pour la santé du cheval.

  • Luzerne : riche en protéines et en calcium, convient aux jeunes chevaux, aux juments allaitantes et aux chevaux de sport.
  • Foin de prairie : plus pauvre en protéines, idéal pour les chevaux adultes au repos.
  • Fléole des prés : bonne source de fibres digestibles.
  • Dactyle : fibre de bonne qualité, plus riche en énergie que d'autres types de foin.

Un cheval adulte au repos a besoin d’environ 1,5 à 2 % de son poids vif en foin sec par jour. Un cheval de 500 kg aura besoin de 7,5 à 10 kg de foin sec par jour. Cette quantité peut varier en fonction de l'âge, de l'activité et de l'état de santé du cheval.

Pâturage : l'alimentation naturelle et idéale

Le pâturage représente l'alimentation idéale du cheval. Une pâture diversifiée et bien gérée offre un apport constant et équilibré en fibres, vitamines et minéraux. Le pâturage favorise la mastication, stimule la digestion et contribue au bien-être général du cheval. Cependant, il est important de surveiller la qualité du pâturage et d'éviter le surpâturage. La rotation des pâtures est essentielle pour préserver leur qualité et éviter une carence en certains éléments nutritionnels.

Il est important de contrôler la composition du pâturage pour éviter la présence de plantes toxiques.

Compléments alimentaires riches en fibres : à utiliser avec précaution

Certains compléments alimentaires peuvent enrichir l'alimentation du cheval en fibres, mais ils ne doivent jamais se substituer au foin ou au pâturage. Ils peuvent être utilisés en complément pour répondre à des besoins spécifiques ou corriger des déséquilibres.

  • Pulpe de betterave : source de fibres solubles, améliore le transit intestinal.
  • Son d'avoine : source de fibres insolubles, augmente le volume des selles.
  • Graines de lin : source de fibres et d'acides gras oméga-3.

L'introduction de ces compléments doit être progressive et surveillée pour éviter tout trouble digestif. Il est conseillé de consulter un vétérinaire ou un nutritionniste équine pour adapter l'alimentation à chaque cheval.

Besoins en fibres selon les catégories de chevaux

Les besoins en fibres varient considérablement selon l'âge, le niveau d'activité et l'état physiologique du cheval.

Chevaux adultes au repos :

Un cheval adulte sain au repos a besoin d'un apport quotidien en fibres représentant 1,5 à 2 % de son poids vif. Pour un cheval de 500 kg, cela correspond à 7,5 à 10 kg de foin sec par jour. La qualité du foin est primordiale pour assurer un apport suffisant en nutriments.

Chevaux de sport et de travail :

Les chevaux de sport ou de travail ont des besoins énergétiques plus importants. L'apport en fibres doit être ajusté en fonction de leur niveau d'activité. Il est important de maintenir un équilibre entre les apports énergétiques et l'apport en fibres pour éviter les troubles digestifs et optimiser la performance sportive. L’équilibre entre fourrages et concentrés doit être ajusté à l'intensité et la durée de l'effort.

Jeunes chevaux, juments allaitantes et chevaux âgés :

Les jeunes chevaux en croissance ont des besoins accrus en énergie et en protéines. Les juments allaitantes ont besoin d'un apport supplémentaire en nutriments pour la production de lait. Les chevaux âgés peuvent avoir des difficultés de mastication ou des problèmes digestifs, nécessitant un foin de bonne qualité, finement coupé et éventuellement humidifié.

Une alimentation riche en fibres, adaptée aux besoins spécifiques de chaque cheval, est donc essentielle pour sa santé et son bien-être. N'hésitez pas à consulter un vétérinaire ou un nutritionniste équine pour un conseil personnalisé sur l'alimentation de votre cheval.